Publié le 7 Mars 2018

 

La première vision de l’Apocalypse commence par ces mots : « Aussitôt je fus saisi en esprit. Voici qu’un trône était là dans le ciel, et sur le trône siégeait quelqu’un » (4,2). Cette vision a inspiré l’iconographie dite de « l’étimasie », représentée dans la basilique Sainte-Marie Majeure à Rome, au sommet de l’arc triomphal qui ouvre l’accès au chœur. Sur ce magnifique ensemble de mosaïques réalisé vers 440 figure un trône vide, décoré des attributs du Christ, les instruments de la passion, et préparé pour son retour. Ce trône était déjà évoqué dans l'Ancien Testament : Ps. 9,8 ; 88,15 ; 102,19. Sur l'arc triomphal de Sainte-Marie Majeure, selon la vision de l’Apocalypsele trône est entouré des quatre Vivants, (le tétramorphe, considéré comme annonçant les quatre évangiles), et surmonté de la croix glorieuse. Mais si le siège est vide, c’est pour signifier l’attente de la Parousie : il est préparé pour le retour du Christ.

Cette vision du trône glorieux, mais vide, aurait-elle inspiré les directives diffusées pour l’organisation des Célébrations dominicales de la Parole ? Certes, le Directoire pour les assemblées dominicales en l’absence de prêtre, publié en 1988, ne donne que cette simple directive : « Il (le laïc) n’utilisera pas le siège de présidence » (n° 40). Par contre, des autorités pastorales locales ont amplifié cet interdit. En voici un exemple récent, lu dans le bulletin de la Pastorale de la santé (CEF), et diffusé dans toutes les paroisses pour le Dimanche de la santé (11 février dernier), sous le titre « Montre-moi ton visage ».

Après reconnu la raréfaction des eucharisties dans les EHPAD, ce bulletin suggère l’organisation de célébrations de la Parole ce dimanche-là, mais avec une insistance lourde sur le « trône vide ». En effet, sur une page très aérée (p. 25), qui ne compte 22 lignes de texte, le tiers est occupé par ces mises en garde :

« Il faudra veiller à ce que la disposition des lieux n’évoque pas la messe. On n’utilisera pas l’autel … L’officiant parlera toujours en ‘nous’. Il se rendra visible, mais ne ‘présidera’ pas au sens liturgique du terme. Il ne sera donc pas assis au lieu de présidence, il sera proche de l’assemblée et se tournera vers elle pour lui parler, vers la croix pour prier… »

Pourquoi protéger à ce point le trône du prêtre ? Est-il à ce point convoité ? Serait-ce pour le rendre plus désirable et participer ainsi à la campagne de recrutement de prêtres ? Mais faut-il insister à ce point sur la place matérielle du prêtre dans l’église ? D’ailleurs, son siège est souvent modeste et personne ne songe à le lui ravir. Dans cette insistance n’y aurait-il pas quelques traces des formulations des anciens catéchismes à propos du « pouvoir donné aux Apôtres par le Christ » :

« Le pouvoir de changer le pain et le vin a passé des Apôtres aux Évêques et aux prêtres. Les prêtres changent le pain et le vin pendant la sainte Messe… » (édition de 1922, n° 316-317)

Ce « pouvoir » est présenté avec de nouveaux arguments dans le Youcat (catéchisme des JMJ, 2010), n° 215 :

« Le célébrant se tient à l’autel en la personne du Christ-Tête. Cela signifie que les PRÊTRES n’agissent pas seulement à la place et sur mandat du Christ, mais qu’en raison de leur consécration, c’est le Christ, en tant que tête de l’Église, qui agit par eux. »

Dans cette logique, un tel « pouvoir » des prêtres requiert donc un trône approprié, qu’aucun laïc ne doit occuper ! Or, dans la liturgie eucharistique, c’est l’assemblée qui célèbre. Les évêques et les prêtres la président et c’est en son nom qu’ils invoquent l’Esprit Saint, pour la sanctification du pain et du vin (épiclèse des prières eucharistiques, absente de la prière n° 1, ou canon romain).

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Rédigé par jonasalsace

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Publié le 13 Février 2018

Quand j’étais enfant, pas question de manquer la messe du dimanche ! Il fallait vraiment être très malade pour y échapper. Mais au fond j’aimais bien ça : on retrouvait des ami(e)s, on chantait avec conviction, on avait aussi des fous-rires mémorables… bref, je reconnais que je n’avais pas un très grand sens du sacré, mais j’aimais « être avec », y compris pour prier.

Plusieurs décennies plus tard,  je me rends compte que je n’ai pas vraiment changé, même si j’ai depuis bien longtemps oublié l’obligation dominicale. Prier, élever mon âme vers Dieu sont inséparables pour moi de la rencontre concrète avec des hommes et des femmes, connus ou à connaitre. Et ces « messes » qui me donnent espérance et force ne sont pas toutes très catholiques, de loin pas !

Trois exemples parmi bien d’autres :

A la Pentecôte 2015, alors que j’étais la présidente des Réseaux du Parvis, j’ai été invitée par l’association David et Jonathan au forum européen des chrétiens LGBT à Merville, dans le Nord. Mon mari et moi avons vécu là un temps de célébration empreint de ferveur et d’espérance, en communion avec des personnes trop souvent en souffrance parce que marginalisées, méprisées voire pourchassées. Et nous ne nous sommes pas demandé un seul instant si les célébrants étaient catholiques, protestants ou autres, nous étions tous frères et sœurs en Christ. Cette expérience est ravivée et même élargie chaque fois que nous participons à un culte inclusif à l’église St Guillaume de Strasbourg, où nous prions ensemble, chrétiens, juifs et musulmans. Ce n’est pas « la messe » ? Non, mais c’est tout autant (et même plus ?) un peuple de frères qui se rassemble.

Juillet 2016, Jérusalem. Nous sortons du St Sépulcre où nous venons à nouveau de nous attrister sur les trop visibles rivalités des différentes confessions chrétiennes présentes en ce lieu. C’est une fin d’après-midi, et le muezzin de la mosquée voisine commence sa psalmodie. Moment de grâce : une jeune voix qui porte la prière dans la douceur du soir. Nous nous asseyons sur un muret et nous nous sentons en communion avec toutes les prières qui montent de Jérusalem dans les synagogues, les églises et les mosquées. Ces prières, nous les porterons encore en nous lors de la messe célébrée avec la petite communauté assomptionniste, dans le jardin de St Pierre en Gallicante, face à cette Jérusalem terrestre qui aurait tant besoin de la paix de Dieu.

Une messe comme tant d’autres, lors d’un voyage paroissial il y a déjà plus de 10 ans. Une amie musulmane participe au voyage, donc à la célébration. Elle s’avance, avec ferveur, amitié et respect, pour recevoir la communion, que le prêtre lui donne avec autant de ferveur, d’amitié et de respect.

Alors ?

Alors, je suis consternée de constater que nous osons si peu, simplement entre chrétiens, prier et célébrer ensemble, y compris en partageant le repas eucharistique ! Nous nous croisons tous les jours dans la rue, dans nos lieux de travail et/ou d’engagement, nous militons ensemble pour plus de fraternité et de solidarité et nous n’osons pas partager le pain de vie ? Nous nous abreuvons à la même source mais nous nous sentons encore obligés de boire chacun dans son gobelet, estampillé catholique ou protestant !

Mais allons-y, invitons-nous, au nom de notre baptême commun, à venir  à la table les uns des autres ! Et disons-le, sereinement et joyeusement, comme je le dis aujourd’hui. Je partage le pain et le vin avec des frères et sœurs protestants quand je vais au culte et à la Ste Cène, avec des frères et sœurs catholiques quand je vais à la messe, de la même façon et sans me soucier de transsubstantiation. Et je partage ma vie, mon humanité et mon espérance quand je prie avec des juifs ou des musulmans, sans me soucier du nom que chacun donne à Dieu. Et ça vaut bien une messe !

Marie-Anne Jehl

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Rédigé par jonasalsace

Publié dans #@feuilleton

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Publié le 3 Février 2018

La Fédération des Réseaux du Parvis tient à assurer l’équipe nationale du MRJC de son amitié et de son soutien. Les réactions de certains membres de l’Eglise Catholique française, en particulier de Mgr Bernard Ginoux, évêque de Montauban, à la récente prise de position du MRJC à propos de la Marche pour la Vie, montrent de manière tristement éclatante la crispation de l’institution catholique.
Le MRJC est un mouvement chrétien ouvert à tous les jeunes du monde rural, à l’écoute de leurs préoccupations et de leurs projets. Ses responsables sont jeunes, donc proches de réalités que les responsables d’Eglise ne voient pas ou ne veulent pas voir. Déclarer que le MRJC n’est plus un mouvement catholique parce qu’il met en question la doctrine officielle, est ce vraiment la manière évangélique d’aborder une question dont nul ne sousestime l’importance ? Personne ne demande à Mgr  Ginoux d’être d’accord avec le MRJC, mais les pasteurs de l’Eglise catholique ne devraient-ils pas écouter ces jeunes et dialoguer avec eux dans le respect et l’ouverture d’esprit, plutôt que de les exclure ? L’Eglise catholique a-t -elle oublié à ce point que «catholique» veut dire« universel » ? Ou alors conçoit-elle l’universalité comme une unanimité et une uniformité qui ne concerneront plus grand monde d’ici quelques années ?

 

Pour le bureau de la Fédération des Réseaux du Parvis , le président,
Georges Heichelbech
georges.heichelbech@wanadoo.fr

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Vous trouverez la réponse du CEF ici!

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Un débat sur le thème "Dans l'Eglise peut on débattre de tout?" sur le blog "Etat d'âme"
 

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Rédigé par jonasalsace

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