Publié le 20 Décembre 2019

Chers amis,

         Comme vous le savez tous, la date de l’anniversaire de ma naissance n’est pas éloignée. Tous les ans, on célèbre une grande fête en mon honneur, et je pense que cette année encore, Noël sera marqué par un grand moment de joie.

 

         Pendant cette période, tout le monde se presse dans les magasins, achète des cadeaux. Il y a plein de publicités un peu partout, et, tout cela s’amplifie au fur et à mesure que mon anniversaire se rapproche. Cela ne me laisse pas indifférent de savoir, qu’au moins une fois, beaucoup de personnes pensent à moi.

 

         Pourtant, je remarque que, si dans les premiers temps, les gens paraissaient comprendre et semblaient reconnaissants de tout ce que j’ai fait pour eux, plus le temps passe et moins ils semblent se rappeler la raison de cette célébration. Les familles et les amis se rassemblent pour passer un moment, mais ils ignorent, bien souvent, le sens de la fête.

 

         Je me souviens que l’année dernière, se tenait un grand banquet en mon honneur. La table de la salle à manger était remplie de mets délicieux. La décoration était superbe et il y avait de nombreux et magnifiques cadeaux emballés de manière originale.

 

         Mais curieusement, je n’étais pas invité … J’étais, en théorie, l’invité d’honneur, mais personne ne s’est rappelé de moi, et l’on ne m’a pas envoyé d’invitation. La fête était en mon honneur mais quand ce grand jour est arrivé, on m’a laissé dehors… et pourtant, moi j’aurais aimé être avec eux et partager leur table.

 

         En fait, je n’étais que moyennement surpris car, beaucoup de portes se ferment devant moi : par refus, par indifférence, par ignorance  ou pour tout autre raison. Comme je n’étais pas invité, j’ai décidé de me joindre à la fête sans faire de bruit, sans me faire remarquer. Je me suis mis dans un coin et j’ai observé. Tout le monde était content de trinquer, certains faisaient des farces, riaient à tout propos. Il y avait de la joie dans l’air… Pour couronner le tout, le gros bonhomme  à la barbe blanche est arrivé, vêtu d’une longue robe rouge. Il s’est assis sur le canapé et tous les enfants ont couru autour de lui, en criant : « Père Noël, Père Noël ! » Ils ont reçu des jouets, sans savoir, au juste, qu’est-ce qui, au départ, a déclenché cette fête.

 

         A minuit, tout le monde a commencé de s’embrasser ; j’ai ouvert mes bras et j’ai attendu que quelqu’un vienne me serrer dans ses bras, mais personne n’est venu à moi. Soudain, ils se sont mis à échanger des cadeaux. Ils les ont ouverts un par un, en grande excitation. Quand tout a été déballé, j’ai regardé pour voir si, peut-être, un cadeau m’était destiné. Qu’auriez-vous ressenti si, le jour de votre anniversaire, tout le monde échangeait des cadeaux et que vous n’en receviez aucun ? J’ai compris que je n’étais pas désiré à cette soirée, et je suis parti silencieusement.

 

         En réalité, je ne garde aucune rancune envers quiconque présent à cette soirée festive. Toutefois, j’aurais souhaité dire un mot de l’origine de cette fête et, du coup, évoqué le sens qu’elle peut revêtir, pour chacun de nous, en ces temps un peu chaotiques que nous vivons.

 

         D’abord, l’origine de cette fête ?  -  La venue d’un enfant, au nom de Jésus. Et cette naissance est si importante qu’on continue, de nos jours, du moins dans la majeure partie de notre planète, de dater les événements en disant : «  Nous sommes tant d’années après Jésus-Christ ».

 

         C’est donc l’idée que nous nous faisons de Dieu qui est en cause lorsque nous fêtons Noël. Une naissance humble et discrète, sans bruit, sans publicité. Je ne suis pas né dans un palais majestueux comme les rois de ce monde. Mon message est autre.

 

         Quel est ce message ? –L’annonce d’un Dieu qui se donne gratuitement. Noël, c’est l’amour de Dieu pour tous, pour chacun de vous sans exception. Un amour inconditionnel, car le désir de Dieu, c’est de se donner à l’homme, même au plus mauvais, même au plus lointain, gratuitement. Le bonheur de Dieu est dans le don de lui-même.

 

         Chers amis, peut-être est-ce là votre plus grande difficulté pour croire ? On voudrait un Dieu puissant et il est faible. On le voudrait riche et il est pauvre. On le voudrait pour un nombre limité de « bien-pensants » et il est pour tous. Noël met en pièce cette image d’un Dieu « mondain ».

 

         Mais Noël est par le fait même, un appel au partage. Et je suis heureux quand j’apprends que des initiatives sont prises dans ce sens : pour donner de la chaleur à ceux qui ont froid, de la nourriture à ceux qui ont faim, de l’amitié à ceux qui sont seuls. Ces initiatives je l’affirme, sont nombreuses, mais on ne sait pas les voir. Peut-être faudrait-il en parler entre vous ?

 

         Je termine cette lettre en vous disant que je vous aime de tout mon coeur.

 

                                      Jésus, votre ami.                     (Secretaire : Jean Rigal - St Amans, le 25 décembre 2019).

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Publié le 1 Mai 2019

Dans leur livre tonifiant, L’Évangile célébré, le fondateur de la communauté de Bose, Enzo Bianchi, et le nouveau prieur, Goffredo Boselli, dénoncent « quelques aspects de la liturgie qui représentent un obstacle à l’évangélisation » (p. 213). Le premier obstacle vient du langage liturgique, dont certains textes s’avèrent impénétrables et parfois indéchiffrables. Or la réforme du concile Vatican II (1962-1965) avait permis quelques progrès, en encourageant des adaptations plutôt que des traductions littérales de l’original latin. Or ces progrès risquent d’être à nouveau anéantis par l’obstination de la congrégation romaine pour la liturgie. En effet, en 2000 elle a publié une nouvelle édition du missel, en latin, à traduire dans les langues usuelles. Depuis lors, c’est-à-dire pendant dix neuf ans, les épiscopats francophones ont soumis à cette congrégation des traductions de ce missel, mais ils se seraient heurtés à autant de refus. En effet, la congrégation revient en arrière par rapport à ses propres orientations des années 1965-1969, elle exige à nouveau des traductions littérales et le retour à des formes rituelles d’avant le concile, comme dans la prière du « Je confesse à Dieu », où il faudrait de nouveau se frapper trois fois la poitrine en disant « C’est ma faute, c’est ma faute, c’est ma très grande faute ». Les prières eucharistiques pour les assemblées avec enfants seraient supprimées. Or tout cela se passe en secret, on ne l’apprend qu’en interrogeant quelques responsables liturgiques impliqués dans ces négociations, alors que pour la première édition du missel, il y a cinquante ans, de larges consultations avaient été engagées et que des éditions provisoires (ad experimentum) avaient été mises à la disposition de toutes les paroisses.

La congrégation romaine pour la liturgie semble accorder aux textes liturgiques la même autorité qu’aux livres de la Bible et les considérer comme intangibles. Ils ignorent que le pape Grégoire le Grand (590-604) les attribuait à des scolastici, à des lettrés (Lettre à Jean de Syracuse : Registrum IX, 26, CCL 140 A, 587). Certes, on a pu établir que certains textes avaient été composés par des papes ou des évêques illustres, mais bien souvent ils répondaient à des situations de leur temps. À notre époque d’en composer qui correspondent aux situations et au langage d’aujourd’hui, l’Esprit saint nous assiste certainement autant que les rédacteurs des anciennes oraisons. À cet égard, les secrétaires actuels des congrégations romaines peuvent-ils se prétendre plus inspirés que leur prédécesseurs d’il y a cinquante ans, qui ont élaboré la première traduction du missel, et par leur nouvelle édition jeter le discrédit sur eux, comme s’ils avaient mal fait leur travail ?

La publication du nouveau missel provoquera des divisions dans nos Églises locales. D’abord pour des raisons financières : a-t-on évalué les frais imposés aux paroisses et aux fidèles pour acquérir en bloc, du jour au lendemain, de nouveaux livres ? Mais plus grave, certains refuseront la nouvelle édition, d’autres l’adopteront. Puisqu’en tant de lieux l’eucharistie n’est plus célébrée régulièrement et que pour y participer chaque dimanche il faut se déplacer, on devra donc se munir des deux éditions pour tous les déplacements !

Tant que l’ensemble du peuple catholique de France est tenu à l’écart de ces réformes qui le concernent pourtant directement, il doit s’opposer à cette nouvelle édition et demander à l’épiscopat de prendre ses responsabilités, comme le pape François l’y a déjà engagé plusieurs fois.

Contribution à l’action de La Croix, Réparons l’Église (mars/avril 2019)

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Publié le 4 Avril 2019

L’intéressante présentation de saint Jérôme (La Croix du samedi 30 mars, p. 17) rapportait une de ses paroles les plus significatives : « Ignorer les Écritures, c’est ignorer le Christ ». Or, pendant tout le deuxième millénaire les chefs de l’Église romaine ont gardé sous scellés la « clef des Écritures » (Lc 11,52). Ils n’ont admis que la version latine de la Bible. Seuls les lettrés pouvaient y accéder. Le peuple en a été tenu éloigné, tandis que les clercs lui servaient des produits de substitution. Les initiatives de Martin Luther et des autres Réformateurs auraient dû alerter la hiérarchie catholique.  Mais le concile de Trente y a répondu de la pire manière. Certes, il a reconnu la faim « des brebis du Christ », mais au lieu d’autoriser les traductions, il a demandé aux curés d’expliquer fréquemment les lectures de la messe. En voici le propos le plus stupéfiant : « Bien que la messe contienne un grand enseignement pour le peuple fidèle, il n’a pas cependant paru bon aux pères (du concile) qu’elle soit célébrée ça et là en langue vulgaire » (Denzinger n° 1749).

Cette décision a été une des principales causes du cléricalisme : le peuple était ainsi maintenu dans la dépendance du clergé. S’y ajoutait la doctrine sacrificielle de la messe, selon laquelle le prêtre offre le sacrifice pour le peuple. Il a donc fallu attendre le concile Vatican II pour que les lectures bibliques de la liturgie soient enfin proclamées dans les langues des fidèles et que soit promue la participation active de toute l’assemblée. Dans la mouvance du concile les prêtres de l’époque avaient favorisé la mise en place de cette réforme décisive, veillant à mettre fin au cléricalisme. Mais on observe à présent un retour au pire cléricalisme, comme l’écrivait un lecteur dans le courrier du 1er avril : « certains nouveaux prêtres ont un comportement identitaire par leur vêtement et par leur façon de célébrer ».

Or il y a pire : la Bible est à nouveau cachée à une partie des fidèles. En effet, le concile Vatican II avait pris en considération l’impossibilité de nombreuses communautés de célébrer l’eucharistie. Pour que ces fidèles aient au moins accès à la Parole de Vie, il avait encouragé les célébrations dominicales de la Parole (Constitution sur la liturgie, 35, § 4). Dans un premier temps, les diocèses de France avaient répondu favorablement (Directoire romain de 1988) par la mise en place de telles célébrations. Par la suite, subrepticement, des évêques et des curés mettaient fin à ces initiatives en voulant obliger les fidèles à se déplacer d’une église à l’autres pour entendre la Parole de Dieu, alors que saint Paul et les autres apôtres n’avaient pas ménagé leur peine pour aller vers les communautés. Qui a orchestré ce recul dans l’Église catholique de France ? Les instances romaines ou l’épiscopat ? Que de manœuvres secrètes menées par les chefs de l’Église catholique, qui continuent à tenir le peuple dans l’ignorance, comme au Moyen Âge.

L’apôtre Pierre avait confessé : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6,68). Avant lui, les prophètes et le psalmiste priaient Dieu en disant « Fais-moi vivre par ta parole » (Ps 118,37). Comment peut-on refuser aux communautés locales et à leurs membres de garnir leur table avec la nourriture la plus substantielle qui soit !

Marcel Metzger, Bas-Rhin

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